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La 5G contre le "modèle Amish"

  • Photo du rédacteur: Armand Vanlerberghe
    Armand Vanlerberghe
  • 7 janv. 2024
  • 4 min de lecture


Après le pognon de dingue des minimas sociaux, ceux qui ne sont rien, traverser la rue pour trouver un boulot... c’est au tour du modèle Amish de faire la une des polémiques linguistiques de Macron.


Face à l’arrivée en France de la 5G, le réseau téléphonique qui fait déjà parler de lui outre-atlantique, Macron défend l’idée que les défis de demain ne pourront pas être relevés en “revenant à la lampe à huile”. Il rappelle que la France est le pays des Lumières, et que c’est par l’innovation qu’elle s’inscrira dans le progrès de la société. Le modèle amish qu’il cite, c’est cette communauté de chrétiens qui vit dans l’austérité et loin des progrès technologiques de la société. Ils se déplacent à cheval et s’éclairent à la bougie. Macron est maladroit dans sa formulation, et presque être vexant eu égard à la condescendance qu’il sous-entend à l’encontre des modèles les moins développés. Certaines ONG sont montées au créneau en lançant le slogan “Je suis Amish”, moins en soutien à la communauté visée qu’en opposition systématique à toute déclaration polémique du Président. De même pour certains partis de l’opposition, qui revendiquent volontiers l’usage de la technologie contre la nature humaine quand il s’agit de promouvoir la PMA, mais qui se sont opposés à la 5G en clamant que “le progrès technologique se retourne contre l’humain”(François Ruffin, LFI).


Le problème, c’est que la technologie est à l’origine de nombreux problèmes auxquels on fait face aujourd’hui. La voiture, l’ordinateur, les ondes 4G... on peut trouver à toute innovation technologique sont lot d’inconvénients. Mais la voiture d’aujourd’hui n’a déjà plus grand chose à voir avec la Ford T de 1908. Elle pollue beaucoup moins, elle est infiniment plus sécurisée, et elle a permis une amélioration considérable dans la qualité de vie des êtres humains qui en disposent. L’ordinateur qui remplissait un hangar, l’ENIAC des années 40 qui pesait 30 tonnes, c’est fini ! On a aujourd’hui chacun son petit ordinateur dans sa poche, et il est infiniment plus puissant que ne l’était l’ENIAC. Aurait-on dit, quand on a vu ces premières ébauches de technologie, qu’il en fallait un exemplaire par personne, on aurait sans aucun doute préféré le modèle Amish à la vie qu’on s’imaginait alors devoir vivre, dans un hangar encombré de câbles énormes et d’une voiture qui n’allait pas plus vite qu’un cheval.


Le problème des prédictions d’avenir, c’est qu’on imagine l’avenir à partir de ce qu’on connaît aujourd’hui. En 1910, une série de dessins était parue, censée représenter la société telle que les artistes de l’époque imaginaient qu’elle serait en l’an 2000. On y voyait un instituteur presser des livres dans une machine branchée aux cerveaux de ses élèves, un paysan activer des bras mécaniques reliés à un réseau de câbles surplombant son champ pour le labourer depuis son porche, ou bien une machine à vapeur tailler un costume sur mesure à un homme d’affaire entouré de rubans, de compas et de règles mécaniques. C’est ingénieux, mais beaucoup moins efficace que ce qu’on sait faire aujourd’hui. De même, je pense que si l’on est réticent à l’idée de poursuivre l’innovation au lieu de revenir à un mode de vie plus simple et plus naturel, c’est parce qu’on imagine simplement la technologie d’aujourd’hui prendre une place encore plus importante dans nos vies. Or, l’innovation technologique permet justement de diminuer la place que prend la technologie (et pas seulement dans le sens de libérer des hangars). Il n’y a qu’à voir les progrès de la médecine. Les prothèses, les traitements, tout est plus efficace, moins handicapant, moins intrusif.


C’est justement le sens de l’innovation que de retrouver une certaine simplicité de vie, une facilité d’agir, et l’appréciation de la nature. Pensez aux énergies renouvelables qu’on apprend à exploiter respectueusement de l’environnement. Bientôt, on pourra s’éclairer et se chauffer tout en respectant l’environnement. On pourra être Amish et profiter de la technologie ! Il y a évidemment des inconvénients à toute innovation. La voiture a fait exploser les accidents de la route, les ordinateurs ont entraîné l’addiction aux écrans... Mais le problème n’est pas la technologie en soi. Il faut trouver la juste mesure pour chaque chose, mais la juste mesure est évidemment dans l’amélioration de la vie, et non pas dans le compromis entre la peur et le renoncement. La 5G aujourd’hui, la 6G demain, nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve. La 5G est déjà en soi une solution au problème de la quantité d’ondes, car la consommation de données augmente à tel point qu’il faudrait alors augmenter drastiquement le niveau d’ondes 4G qui nous environnent déjà, pour permettre un accès à internet équitable entre tous. Les ondes 5G permettent un débit 10 fois plus rapide que les ondes 4G ; à terme, la baisse du niveau d’ondes profitera immensément de ce gain de vitesse.


Si les ondes 5G se révèlent néfastes, comme certains le craignent peut-être avec raison, alors on imaginera une solution pour la 6G. Peut-être n’utilisera-t-on plus des ondes électro-magnétiques, mais la lumière comme la fibre optique le fait déjà, ou bien trouvera-t-on un moyen de localiser la diffusion selon le besoin... Si le problème est énergétique, on inventera un moyen écologique d’exploiter l’énergie, parce qu’on en aura un besoin immédiat. L’innovation est sans limite !


Dans tous les cas, il serait idiot de dire aujourd’hui que la seule solution au progrès désiré par tous, et que la 5G permettra (accès internet équitable, meilleur réseau dans les zones rurales, améliorations des techniques médicales à distance...), serait d’en priver tout le monde en préférant la régression technologique à l’innovation.

Armand Vanlerberghe

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